Le tennis en Tunisie
Nous n’avons nullement la prétention de faire ici l’historique du tennis en Tunisie, d’abord parce que ceci n’est pas notre rôle, d’une part et d’autre part, parce que nous ne disposons pas d’assez d’éléments sur cette discipline qui fut pendant plus d’un demi-siècle gérée dans notre pays par des étrangers.
Par contre nous pouvons très bien apporter notre témoignage sur les plus importantes périodes de cette histoire, étant donné que un certain nombre de responsables et de membres de notre club de Sousse avaient côtoyés ou côtoient encore ce sport depuis plusieurs décennies, sans que cela nous empêche de donner, au moins, un aperçu sur le début du tennis dans notre pays.
Il est très probable que le jeu de tennis fut introduit en Tunisie entre la fin du dix-neuvième siècle et le début du vingtième, par un certain nombre de personnalités du protectorat français, dont les plus connus étaient, André MAGNY, Georges BEGDEBER et Jean de GOUTTENOIRE, qui contribuèrent pendant plus d’un demi-siècle à promouvoir cette discipline sportive dans certains milieux et permettre l’émergence de joueurs de très bon niveau, dont certains parvinrent à faire partie de l’élite mondiale du tennis.
Le tennis fut d’abord pratiqué à Tunis dans les milieux bourgeois de la classe dirigeante du protectorat. Certaines personnalités avaient prit l’initiative de faire construire des courts soit au sein de leurs résidences privées ou bien dans les enceintes des institutions qu’ils dirigeaient.
Ainsi furent construits à Tunis, dès les premières années du Vingtième siècle deux courts à l’hôtel Saint-Georges et un troisième à la rue de Russie chez le docteur GAMET, Monsieur de GOUTTENOIRE, dès son installation à Sousse, construisit un court dans sa résidence privée, et Monsieur LEONARDI en fit de même à Sfax.
Peu à peu d’autres courts virent le jour un peu partout dans certaines grandes villes de l’intérieure, dans les cités minières et dans les régions de grandes concentrations de colons français.
La création de véritables clubs de tennis remonte au début de années vingt, le premier fût le Casbah club de Tunis qui disposait de deux courts initialement construits par l’armée et cédés plus tard aux civil. On peut citer également les club de Rédayef, de Mdhillah, de Kairouan, de Gafsa, le tennis- club de Tunis ainsi que d’autres dans des coins reculés de la Tunisie et dont la plupart n’existent plus aujourd’hui.
Les années trente virent l’organisation de tournois, surtout à Tunis et quelques fois à Sfax et dont certains étaient « sponsorisés » et dont l’écho était fait par des journaux parisiens.
Les bon joueurs ne manquaient pas, parmi les pionniers, on peut citer André MAGNY, qui sera plus tard un des présidents de la fédération tunisienne de tennis, Georges BEGDEBER considéré comme l’un des meilleurs entraîneurs de tennis de Tunisie, PIETRANGELLI père de Nicolas, futur grand joueur international, et un certain CUELUS, qui était militaire à Tunis. Puis avec l’avènement des grands club de l’intérieur, Sfax, Bizerte et Sousse et le développement du tennis-club de Tunis, le tennis a pris un grand essor et on vit l’apparition de grands joueurs comme:
- Les frères GOUTTENOIRE qui ont dominé le championnat de Tunisie entre les années 1920 et 1929.
- Jacques BEGDEGER, champion de Tunisie en 1932, 1934, 1935 et 1948.
- Gilbert NACCAHE,un des plus grands joueurs de l’époque, qui a succédé aux frères GOUTTENOIRE et est resté longtemps imbattable, Champion de Tunisie en 1936, 1937, 1938,puis en 1949, 1950, 1952 et 1953.
- Pierre DARMON, remporta douze titres en France dont champion de de France acquis neuf fois ( record à ce jour).
- Nicolas PIETRANGELI, futur champion d’Italie et grand champion international également.
- Bernard BOUTBOUL, champion du double Cadets en compagnie de BELKHODJA en 1955, puis finaliste en cadets et en juniors en 1956.
- Mustapha BELKHODJA, champion de France des cadets 1955, puis des juniors en 1956, avant de remporter le titre des juniors aux internationaux de Roland GARROS par deux fois en 1957 et 1958.
- Claude CAZANOVA, champion de Tunisie junior 1954.
- Jeanine BOUYAC, championne de Tunisie dames 1955.
- Claude GLOAGEN, champion de Tunisie de classés troisième série 1955.
- Paul BESSIS champion de Tunisie durant quatre années consécutives de 1960 à 1963, et une cinquième fois en 1966 à l’âge de 45 ans.
Sans oublier les REVLON, LAFORGUE, COHEN, ERRERA, qui ont fait partie de l’élite du tennis tunisien des années 50, à part BELKHODJA, tous ces joueurs, étaient d’origine étrangère, et le tennis resta pratiquement inconnu dans les milieux autochtones, qui étant donné les circonstances politiques de l’époque, n’avaient pas accès aux clubs privés.
Cette situation ne changea pas après l’indépendance, en effet, les coopérants arrivant en masse en Tunisie, s’étaient accaparés des principaux club de tennis du pays et en avaient fait une sorte de chasse gardée, freinant de la sorte le développement de ce sport parmi les jeunes tunisiens. Cette situation de quasi monopole du tennis, ne manqua pas d’engendrer des frictions au sein de certains club de tennis, comme celui de Sousse, ou la situation s’était transformée en véritable conflit entre certains coopérants et des responsables tunisiens, ce qui a amené le président de la fédération tunisienne de tennis de l’époque, Monsieur, Abed BOUHAFA à prendre position en adressant au ministère de tutelle une lettre datée du 15 février 1974, dont voici quelques extraits:
« ,,, Au lendemain de l’indépendance, les clubs de tennis de Bizerte, Tunis, Sousse et Sfax, nominalement « tunisifiés » ont néanmoins continué à être soumis à une gestion, qui si elle n’était plus « coloniale » n’en était pas moins étrangère, »
Cette situation a retardé l’arrivée des jeunes tunisiens et l’accès à ce sport, qui n’a véritablement commencé, timidement d’abord, qu’au début des années soixante dix. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter le tableau de classement national de l’année 1967, par exemple, sur la quarantaine de joueurs classés, six seulement portaient des noms tunisiens. Par contre si l’on jette un œil sur le tableau de classement de l’année 1973, on constate que le nombre des nationaux a atteint vingt huit.
Les BELKHODJA, ZOUHIR, LAKHDAR, KADDOUR, BEN FARHAT, BOUGHNIMI, KHADRAOUI, BEN AZIZA, BEN YOUSSEF, feront partie de la première cuvée des grands joueurs de tennis de Tunisie. Cette élite sera bientôt, renforcée par l’arrivée des METAHNI, MARROUKI, BOUHAFA, RIANI, JUINI, MILADI, ACHOUR et d’autres qui viendront grossir les rangs des joueurs classés dont le nombre atteindra à la fin de la décennie, en 1979, les quatre vingt cinq, dont dix filles, parmi lesquelles Lilia MAAREF, l’une des meilleures joueuses de l’époque.
Les années quatre vingt furent celles du grand boom du tennis en Tunisie, le nombre des club de tennis, qui pendant la précédente décennie, ne dépassait pas la dizaine, allait atteindre la trentaine, avec ceux de Mégrine, Gabès, Le Bardo, Hammamet, Nabeul, Kairouan, Béja, EZZAHRA, La Goulette, Le Belvédère, etc. Le nombre de joueurs a également énormément progressé, a tel point que le tableau des classés de l’année 1989, comptait deux cent vingt quatre (224) joueurs, dont 23 dames. Parmi nos meilleures joueuses on peut citer des noms comme Mounira BEY, qui a repris le flambeau de Lilia MAAREF, mais également Bessima MEHRZI, Issem ESSAIES, Selma MOUEHI, Aicha FERJANI, Dorra SDIRI et Nédia SDIRI entres autres.
Désormais le tennis tunisien est connu et reconnu, avec l’initiative de la télévision tunisienne de transmettre les internationaux de Roland Garros et de Wimbledon, ce sport voit une affluence de plus en plus grande de la part du jeune public.
Les grands clubs pionniers, comme ceux de Tunis, Sousse, Sfax et Bizerte, qui avaient jusqu’alors dominé le tennis tunisiens devaient redoubler d’effort pour conserver leurs places de leader-ship, devant la montée en puissance des nouveaux clubs comme ceux de la Marsa et de Carthage dont les joueurs leur disputaient les meilleures places dans les tournois nationaux devenus plus nombreux. Le tableau des classés s’était enrichi de noms comme, BECHEUR, FLISS, BEN AMOR, HDHILI, KILANI, BRAHIM, HMIDA, BRAMLI, KARTI, JELASSI, MORNAGUI, MAATOUG, BEN ABDALLAH, BOUCHLAKA, BLEL, CHABBOUH, KAAFAR, mais aussi, DEBBECH, DALLEL, HANNOCHI, BEN SMAIL, BELHADJ ALI, ALIOUA, AMMAR, ZEKRI, RIANI L, TRABELSI, CARAC, GOLLI, ZOUAOUI et d’autres.
Le début des années quatre vingt dix est de bonne augure pour l’avenir du tennis tunisien avec la confirmation de ce sport, qui attire encore d’avantage d’adeptes. En effet, on voit de plus en plus de parents qui encouragent et poussent leurs enfants à pratiquer ce sport et ce dès leur plus jeune âge. Tous les club de tennis disposent désormais d’école de formation, En 1992 le nombre de classés avait déjà atteint 300 dont 44 dames.